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CLAIRE BERGERAULT :  voix

JEAN-LUC GUIONNET : orgues

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Double Vinyle paru en 2021 sur le Label La Montagne Noire/GMEA
 

MUNE  - acoustique -

Depuis 2007, nous travaillons en duo, orgue/voix, dans diverses églises, l'enjeu étant, à chaque fois, d'abord de nous adapter à la configuration du bâtiment et de l'orgue et puis de tendre notre musique sur la brèche de cette singularité.

Les formes mélodiques, quand elles arrivent, nous les abordons à la manière d'une chanson trouvée comme on parle d'un objet trouvé. 

            - Où les trouvons-nous ? 

            - Nous les trouvons à la croisée d'une attention extrême au détail de la voix et de ce que cet orgue-là a de singulier — tel registre inhabituel, tel accord impossible, tel désaccord sur telle touche avec telle orchestration. Comme si le timbre, quand on l'écoute d'aussi près que possible, induisait un ensemble de lignes qu'il s'agirait de dessiner. 

            - Un développement ? 

            - Oui. Le timbre comme une enveloppe et les lignes mélodiques comme contenu de l'enveloppe, le tout étant de trouver le bon outil pour décacheter la bonne enveloppe. 

Nous les trouvons donc en les faisant et c'est la structure prise par la recherche qui profile le résultat.

Auparavant notre musique était habitée par une abstraction arbitrairement grande, ce que nous avons découvert cette nuit-là nous a ouvert a un concret qui l'on pourrait vouloir toucher du doigt : des formes plutôt simples, que ni nous ne voulons, ni nous ne voulons pas, et qu'une fois en main, nous travaillons avec l'air d'un léger acharnement ... un acharnement qui va avec de grands trous de silence et de longs pleins de suspens à l'intérieur de tourneries qui nous éloignent, peut-être plus encore, de la tradition liturgique que la voix et l'orgue charrient avec eux. Ils nous en éloignent pour nous faire entrer plus avant sur un terrain dont les racines plongeraient dans une tradition méconnue, mi-rêvée, mi-connue, qu'habituellement gardent près d'eux les vielleux imtempérés, les violoneux et le bruit du travail des sabots à danser.

 Mais l'errance continue, sans accroche, outre l'ancre, même si, cette fois-ci, nous voulons partir à la recherche, ou à la pêche, de ces airs trouvés pour creuser aussi loin que, pour nous, possible, les suspens découverts cette nuit-là.

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Presse : 

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Lisa Tatcher 

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Revue et Corrigé

MUNE  - électrique -

Tout en continuant notre arpentage des orgues et de leurs architectures, nous avons initié en 2015 la version électrique du même processus, où les lieux sacrés deviennent des usines désaffectées, où le souffle de la machine se métamorphose en flux d'électrons, où la voix envoyée dans la résonance, s'engouffre maintenant dans le microphone et la connexion des machines avant d'être recrachée par les haut-parleurs — la singularité des orgues revient à leur passés respectifs : certains trouvés sur place et d'autres amenés, nous n'utilisons que des vieux orgues électriques, cabossés par l'usage, polis par les décibels, porteurs de toute sorte de signatures musicales, électriques : du bal musette à la soul en passant par quelques années passées dans la cave au service de toutes les répétitions imaginables — Bontempi, Farfisa, Hammond, etc. avec une ou deux cabines leslie que la voix peut aussi reprendre à son compte. Nous prenons au sérieux tout cet appareillage. Nous lui rendons des racines en les (ré)inventant. Nous nous l'approprions le plus absolument possible, en déportant notre musique pour en garder l'abstraction.

En insufflant une voix à la machine, nous allons droit vers son bruit, puis nous appliquons à ce bruit une acupuncture précise, faite de stratégies musicales contemporaines et de vieilles poussées venant d'un folklore inconnu de nous, remontant bien malgré nous au travers des tubes aussi bien que des câbles, des transistors, ou des trumpet-speakers.

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